On dresse un bilan des précipitations

Si les précipitations sont particulièrement faibles en hiver ou au printemps, c'est à dire si les chiffres de Météo France attestent que leurs cumuls sont jugés insuffisant, alors on peut raisonnablement craindre un état de sécheresse. En France, le bassin méditerranéen est généralement la première zone touchée : le déficit pluviométrique peut atteindre jusqu'à 90% par rapport aux observations effectuées entre 1971 et 2000. Déjà marquée par un printemps historiquement sec en 2011, la France présente désormais un déficit chronique en eau dès l'hiver. En janvier 2012, c'était déjà le cas de l'Hérault et du Gard dont les préfectures sont souvent les premières à annoncer des mesures de restriction en raison d'un temps très sec et très doux. En février, la Nièvre n'avait même pas cumulé 20% de ses précipitations habituelles.

On évalue l'état des réserves d'eau

Dans leur communiqué, les préfectures font généralement état d'un taux de remplissage des principales réserves d'eau de l'ordre de 80% dès l'amorce du printemps. Désormais, les sols affichent souvent un taux d'humidité comparable à celui du mois de mai et les débits des cours d'eau sont proches de ceux observés en juin voire juillet. Ainsi, c'est essentiellement le bilan hydrologique printanier et l'état des nappes phréatiques qui sont pris en compte dans l'évaluation du niveau de sécheresse : s'ils sont comparables à ceux du mois de juillet ou s'ils atteignent des niveaux records par rapport à la même période des années précédentes, alors le seuil d'alerte est considéré comme franchi. La difficulté est telle qu'à partir de fin mars, il est déjà trop tard pour remplir les nappes phréatiques car l'eau s'infiltre beaucoup moins et contribue à remplir les réserves en surface exclusivement, entraînant des inondations dévastatrices.

On tient compte des prévisions

Si Météo France ne prévoit aucune amélioration majeure sur le plan de la pluviométrie et si les taux de rechargement des eaux souterraines ont été très mauvais durant l'hiver, alors il est probable qu'on observe une dégradation de la situation des réserves en eau dans les semaines à venir. Dans ce contexte, la tendance est inévitablement à la baisse et il faut tabler sur une aggravation de la situation globale des aquifères, pouvant amener à un risque de pénurie d'eau pour l'été et conduire à entamer les réserves. Le débit des fleuves fait aussi parti des paramètres : tant que celui du Rhône tourne à au moins 950 m³/seconde (débit estival), la situation est préoccupante mais le pompage est encore possible. En deçà, les remontées de sel risquent de dégrader les rizières.

Mais on tire aussi des leçons du reste de la planète

Depuis une quinzaine d'années, l'Australie connaît une sécheresse dévastatrice. Depuis 2001, l'état de sécheresse est en effet déclaré dans plusieurs états couvrant l'Est et le Sud-Est du pays. Et non seulement, il n'a toujours pas été levé mais en plus personne ne sait prévoir s'il pourra l'être. Parmi les premières causes, on désigné le réchauffement climatique, puisque l'Australie est une des régions du monde où la hausse des températures devrait être la plus marquée dans les décennies à venir. Alors certes, les autorités ne sont pas certaines que la sécheresse soit directement imputable au changement climatique, mais force est de constater qu'il devrait rapidement engendrer un état de sécheresse permanent. C'est d'autant plus probable que les Australiens consomment 30% plus d'eau que la moyenne des pays de l'OCDE et que cette consommation n'a jamais cessé d'augmenter.